Cher lecteur du futur, Lahou Kpanda tu connais ? Oui ? Non ? Ok, ça ne te dit rien. Et tu sais quoi ? On ne t’en veut pas. Aujourd’hui nous avons envie de te parler de cet endroit particulier. Si tu ne la connais pas sache que Lahou Kpanda, c’est une île. Et un village aussi. De plus, c’est à Grand Lahou. Tu sais, dans notre pays la Côte d’Ivoire.
Lahou Kpanda, un passé à l’eau
À l’heure où tu nous lis, elle est peut-être sous la mer. Un peu comme l’Atlantide. Mais avant, elle a eu une vie sur terre. En mode très visible.
Lahou Kpanda, cette île au sud-ouest de la Côte d’ivoire habitée par les Avikam, nous l’avons connu durant très peu de temps. Disons 2 heures en tout, montre en main et soleil de plomb au-dessus de la tête. Mais, cette balade entre stops culturels et poses photos pour la postérité que tu es, nous a marqué au point de vouloir t’en parler aujourd’hui.
L’île de Lahou Kpanda, nous avons commencé à l’observer de loin. C’était le soir de notre arrivée depuis cette autre île privée louée pour un week-end entre amis. (Hé hé tu sais à notre époque, on s’enjaillait et si tu veux savoir comment, c’est par ici).
Et puis, on a décidé d’aller la voir de plus près, motivés par les mots de Yacoubo, notre homme de main : En face, c’est le village oh. Mais la mer là, ça monte et ça casse tout, même les maisons coloniales !
Des murs, témoins de l’histoire
Cher lecteur du futur, si tu te demandes pourquoi le mot « colonial » est associé à cette île, sache qu’il y a longtemps, bien longtemps, Lahou Kpanda a eu un passé glorieux. Ancien comptoir colonial, l’île abritait une sous-préfecture, une prison civile,
une école primaire qui a même vu passer le père de la nation Félix Houphouët Boigny,
deux belles églises construites respectivement en 1928 et 1970 et bien d’autres bâtisses encore.
D’ailleurs, à l’heure où nous t’écrivons cette lettre, la prison et la sous-préfecture font partie du paysage marin depuis bien longtemps.
Lahou Kpanda, l’île en sursis
Mais pourquoi est-ce qu’on te parle de tout cela? Notre décision est partie d’un vrai choc ! Lundi 14 janvier 2019 (on sait, ça fait bien loin pour toi), en nous baladant sur les réseaux sociaux, nous avons vu des photos publiées par Grand Lahou 24, une page d’infos sur la citée entre 3 eaux.
La plage où nous avions marché, il y a tout juste 3 mois, n’existait plus ! Juste 3 mois, tu te rends compte ?
C’est vrai, notre cher ami Yacoubo nous avait prévenu : « La mer là, ça monte et ça casse tout ». Cependant, à quelle vitesse? 3 petits mois ! Soit un trimestre de cours, le temps qu’il faut à un élève pour mettre un prof dans la case préféré ou détesté… le temps qu’il faut à un foetus pour se faire officiellement appeler bébé (enfin surtout aux yeux de la loi). Trêve de digressions, revenons à nos moutons.
Une partie de la plage de Lahou Kpanda sur laquelle nous avons marché et refait le monde, n’existe plus ! Et il n’aura fallu que 90 jours !
Pollution et plus si affinités
Bon oui, on t’avoue que la plage de Lahou Kpanda ne faisait pas partie des plus belles que nous ayons foulées. De plus, elle ne donnait pas très envie de s’y baigner.
Les vagues beaucoup trop fortes…
Les algues marines qui jonchent le sable…
les habitants du village prompts à offrir le tréfonds de leurs intestins à « mer nature » sans se soucier des passants et autres âmes sensibles.
Non non pour piquer une tête, on a préféré reporter, et surtout le faire ailleurs.
On va aussi t’éviter le passage du sable noir dû aux séquelles d’un pétrolier qui a échoué non loin des côtes, il y a quelques années ! C’est fou comme la pollution a la dent dure !
Ôde aux ancêtres
Il y a 3 mois, ce cimetière se tenait face à la mer tout en épousant les lignes de l’horizon. Pourtant, aujourd’hui, il est plutôt sous l’horizon et six pieds sous mer. Ce lieu, nous l’avions apprécié surtout à cause de son histoire coloniale et son patrimoine touristique intéressant, nous sommes obligés de t’en parler au passé.
La raison a une raison qui s’ignore
À qui la faute, nous demandes-tu? Mais à la mer qui avance pardi ! Cette petite vicieuse qui ne sait jamais se tenir à sa place ! Mais chez nous, un sage a dit : « derrière une raison, il y a toujours une raison » (humm ne demande pas son nom, prends ça comme ça!).
Et cette raison là, on en parle moins. Car, si l’on veut continuer à marcher la tête haute, il est préférable de la dire tout bas, quitte à la passer carrément sous silence. Cette deuxième raison ne porte que deux petits mots. Pourtant, elle fait de grands dégâts. On l’appelle : Réchauffement climatique. Si au nord, ça fond et au sud, ça inonde, c’est bien à cause d’elle.
En attendant, on ne perd pas espoir
Cher lecteur du futur, nous espérons qu’au moment où tu lis ces mots, tu ne connais le réchauffement climatique qu’à travers des pages des livres que tu lis. Car, chaque humain de ton temps a adopté les bons gestes pour stopper ce fléau.
C’est tout ce qu’on te souhaite. Car pour le moment, ce n’est pas gagné. Aujourd’hui, on nous a dit Lahou Kpanda est condamné. Le village en paye le prix.
Et si rien n’est fait, bien d’autres encore, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’ailleurs, prendront un aller simple pour cette destination finale un peu spéciale. Direction : vingt mille lieux sous les mers !
En attendant, cher lecteur du futur, sache qu’on continuera d’en parler à notre niveau, autour de nous. Afin que chacun prenne conscience du danger qui pèse sur nos têtes et que tu profites d’une terre au-dessus des eaux
Bonjour, merci de ces photos. Il ne s’agit pas que de réchauffement climatique mais d’érosion côtière également dûe à la construction massive en bordure de côtes qui modifie le transport des sédiments et donc permet à la mer de grignoter la terre. Il faut replanter des mangroves, cultiver des huitres, des moules, remettre du sable. Il est possible d’enrayer ce phénomène!
merci pour vos précisions et explications.